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Environnement

Pour la première fois, le solaire et l’éolien ont généré plus d’électricité en Europe que le gaz

Encourageante, la nouvelle s’inscrit dans un cercle vertueux : les investissements dans la transition énergétique sont sur le point de dépasser pour la première fois ceux dans les énergies fossiles.
Dans le sud de la Moselle. (Vincent Damarin/Hemis.AFP)
publié le 31 janvier 2023 à 17h52

On pensait que le conflit en Ukraine aurait eu raison de la transition énergétique, mais elle semble plutôt l’avoir accélérée : en 2022, le solaire et l’éolien ont généré plus d’électricité que le gaz pour la première fois dans l’Union européenne (UE), selon les données du bilan publié mardi par le groupe de réflexion sur l’énergie Ember. Dans le détail, l’éolien et le solaire ont produit 22 % de l’électricité de l’UE, contre 20 % pour le gaz fossile (quasi stable par rapport à l’année passée) et 16 % pour le charbon – mais dont la production a augmenté de 7 %. Moins cher que le gaz, la roche noire a permis de «combler le manque de production hydraulique et nucléaire» généré par la pire sécheresse que le continent a connu depuis 500 ans. Exemple en France avec le redémarrage en octobre de la centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle. De sorte qu’au total, les émissions de CO2 du secteur électrique européen ont augmenté de presque 4 % en 2022 par rapport à 2021.

«En 2023, l’Europe devrait assister à une chute des combustibles fossiles»

Les experts n’en demeurent pas moins optimistes. «L’Europe a évité le pire de la crise énergétique, selon Dave Jones, analyste chez Ember. Les chocs de 2022 n’ont provoqué qu’une légère ondulation de l’énergie au charbon et une énorme vague de soutien aux énergies renouvelables. Toute crainte d’un rebond du charbon est désormais révolue.» La dynamique est donc là. En 2023, l’Europe devrait assister à une énorme chute des combustibles fossiles, «du charbon, mais surtout du gaz», poursuit le rapport. Ember estime qu’avec l’accélération du déploiement de l’éolien et du solaire, combinée à un rebond de l’hydraulique et du nucléaire, la production fossile pourrait chuter de 20 % en 2023, soit le double du précédent record de 2020. Une condition sine qua non pour espérer limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C, les énergies fossiles étant la principale cause du changement climatique.

Une nouvelle encourageante dans un contexte de crise, qui semble s’inscrire dans un cercle vertueux : «Les investissements dans la transition énergétique sont sur le point de dépasser pour la première fois les investissements dans les énergies fossiles», d’un montant estimé à 1 100 milliards de dollars en 2022 (1 013 milliards d’euros), d’après une récente étude de BloombergNEF.

Par ailleurs, la chute de près de 8 % de la demande européenne en électricité au dernier trimestre – en raison d’un hiver clément, du coût élevé de l’électricité, des progrès en matière d’efficacité énergétique et des économies d’énergie – a également contribué à réduire le déficit de production d’électricité, empêchant dans le même le temps un retour beaucoup plus important du charbon. Cette baisse est analogue à celle observée pendant le confinement (-9,6 %). «La transition énergétique de l’Europe sort de cette crise plus forte que jamais», d’après Ember, qui estime que l’objectif de 45 % d’énergies renouvelables d’ici 2030 est tout à fait réalisable.