Ce jeudi 4 avril, dans les salles de classe de plusieurs écoles du Tarn et de Haute-Garonne, certaines chaises sont restées vides. Elèves, mais aussi parents et professeurs étaient appelés à faire l’école buissonnière. En cause : l’appel à la grève générale lancé par le collectif «RPI sans bitume» – un collectif de parents d’élèves scolarisés au sein des écoles Le Faget, Francarville, Loubens-Lauragais et Vendine. Ces écoles sont toutes situées à moins de 2 km du site de la future «usine à bitume», centrale dont le but est de produire les quelque 500 000 tonnes de revêtement pour la future A69, une autoroute vivement décriée depuis des mois. Les parents d’élèves s’inquiètent pour leurs enfants qui vont respirer les vapeurs de l’usine à goudron pendant près de 18 mois.
Audrey Bollet, membre du collectif «RPI sans bitume», explique à Libération : «Faire participer les enfants à cette grève était nécessaire. Lorsque l’on fait des recherches sur les polluants qui s’échapperont de cette usine, on constate que les premières victimes seront les enfants et les personnes fragiles. Ils seront les plus impactés. Donc ça nous paraissait incontournable, en tant que parents, de les faire participer.» Elle ajoute : «Eux aussi étaient en demande, car ils entendent sans cesse parler de la construction de cette usine à bitume et des dangers qu’elle pose. En tant que citoyens, ils ont aussi le droit de s’exprimer.» Audrey Bollet se félicite d’une grève réussie, menée dans un «esprit bon enfant, et en musique».
«Louper trois heures de cours pour éviter la pollution d’une usine pendant 18 mois»
Peter Quince, membre du collectif «Lauragais sans bitume», collectif qui lutte également contre l’implantation de la centrale, confirme : «Les émanations issues de ces centrales à bitumes ne sont pas anodines. Elles contiennent des HAP [hydrocarbures aromatiques polycycliques], qui sont des molécules cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques. Ces usines posent exactement les mêmes problèmes qu’avec les Pfas».
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Oxyde d’azote, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre, benzène font partie des substances potentiellement rejetées dans les fumées de ces centrales selon lui. Même si la future usine assure qu’elle va respecter les seuils réglementaires, Peter Quince s’inquiète pour les «4 000 enfants scolarisés à proximité des usines qui ont été imposées à la population». Audrey Bollet l’assure : «Louper trois heures de cours pour éviter la pollution d’une usine pendant 18 mois, ça valait le coup».