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Libération
D'une pierre deux coups

Respecter les engagements climatiques apporte des bénéfices immédiats pour la santé et l’économie mondiale, selon une étude

Une équipe de chercheurs affirme qu’une action climatique ambitieuse permettrait de prévenir 207 000 décès prématurés dus à la mauvaise qualité de l’air dans le monde et d’économiser environ 2 % du PIB mondial d’ici 2030.

De la pollution et de la vapeur s'échappent des cheminées de la centrale électrique Miami Fort, près de Cincinnati, dans l'Ohio, le 17 octobre. (Jason Withman/NurPhoto. AFP)
ParMargaux Lacroux
Journaliste - Environnement
Publié le 20/10/2025 à 15h23

Lutter contre le changement climatique, c’est aussi respirer un air moins néfaste. Mais à quel point ? Pour la première fois, une équipe de chercheurs a calculé quels seraient les bénéfices sanitaires et économiques connexes de politiques climatiques ambitieuses à court terme. «La réduction des émissions de gaz à effet de serre permet non seulement de lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi de réduire les concentrations de polluants atmosphériques nocifs, tels que les particules fines (PM2,5) et l’ozone (O3)», expliquent les auteurs, issus d’instituts italiens, espagnols et autrichiens.

Leur étude, publiée le 17 octobre par le Centre euro-méditerranéen pour le changement climatique (CMCC) dans la revue Science Advances, conclut que si l’humanité parvenait à stabiliser le changement climatique sous la barre des 1,5 °C, en mettant en œuvre une trajectoire aboutissant à zéro émissions nettes, elle éviterait 207 000 décès prématurés liés à une mauvaise qualité de l’air d’ici 2030. Cela permettrait également d’économiser 2 269 milliards de dollars de dommages à la même échéance, soit 2 % du PIB mondial de 2020.

La pollution atmosphérique, véritable fléau, est responsable de près d’un décès sur huit dans le monde. Dans leurs travaux, les scientifiques ont pris en compte les AVC, cancers du poumon, maladies respiratoires, mais pas le diabète, qui peut lui aussi être favorisé par la pollution atmosphérique. Les chiffres des morts évitées peuvent donc être sous-estimés.

Selon l’étude, la Chine serait un des pays les plus gagnants de l’action climatique, avec 84 000 décès prématurés évités d’ici 2030, tout comme l’Inde, avec 73 000 vies épargnées.

Un bienfait pour ce pays régulièrement concerné par des épisodes de massifs de pollution. Ce lundi 20 octobre, la capitale indienne New Delhi est enveloppée d’un nuage de gaz toxiques généré par les usines, la circulation automobile, les brûlis agricoles mais aussi par la multiplication des feux d’artifice lors des festivités de Diwali, en cours jusqu’à mardi. Le niveau de pollution dépasse de plus de 16 fois le niveau maximal toléré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans ce pays où 1,67 million de morts liées à une mauvaise qualité de l’air ont été enregistrées au cours de l’année 2019.

«Ces travaux démontrent, de manière exhaustive et convaincante, l’intérêt de poursuivre une stabilisation des températures à court terme», déclare Lara Aleluia Da Silva Reis, scientifique au CMCC et l’une des autrices, dans un communiqué. Même si l’objectif des 1,5 °C paraît désormais impossible à respecter compte tenu de l’inertie politique, l’humanité peut toujours agir pour rester sous les 2 °C. En novembre, la communauté internationale se réunira au Brésil lors de la COP30 pour accélérer l’action climatique, dix ans après l’accord de Paris.