Surtout ne pas reconnaître ses torts. Ne rien céder, pas même un fragment de considération pour les Martiniquais et les Guadeloupéens, pas même une once de volonté d’apaiser les douleurs passées, les souffrances d’aujourd’hui et les peines à venir. Telle est la stratégie politique choisie par l’Etat français dans le scandale du chlordécone, cet insecticide abondamment épandu aux Antilles dans les plantations bananières entre 1972 et 1993.
Durant vingt années, le gouvernement a autorisé l’utilisation de ce produit ultra-toxique qui a tout contaminé – les sols, les rivières et les organismes. Et ce malgré les alertes de «pollution» émises par le scientifique de l’Inra Jacques Snegaroff dès 1977, l’interdiction de la molécule aux Etats-Unis un an plus tôt, en Suède un an plus tard, en Allemagne la décennie suivante… Sans oublier le classement du pesticide comme «cancérogène probable» par l’Organisation mondiale de la santé, en 1979.