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Reportage

Sécheresse dans les alpages: «On s’est toujours adaptés, mais là, c’est trop rapide»

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Une saison à la montagnedossier
De nombreux éleveurs qui ont monté leurs animaux en alpage au début de l’été se trouvent démunis face à l’aridité actuelle des montagnes. D’autres, comme Mathias et Lili, ont réussi à s’adapter, en allant chercher l’eau à sa source.
Lili Saint-Laurent fait sortir ses 1 500 brebis et chèvres, qui, après s'être abreuvées, s'éloignent sur les monts. (Eleonora Strano/Libération)
publié le 12 septembre 2022 à 15h37

Il faut avoir les jambes et les poumons bien accrochés pour arriver au refuge de Mathias et Lili, au cœur des Alpes-de-Haute-Provence. Perchée à 1 800 mètres, à trois heures de marche au-dessus du village de Thorame-Basse, la cabane abrite de juin à octobre le couple de bergers et son fils de deux ans. Alors qu’une sécheresse historique frappe la France entière, mettant de nombreux agriculteurs en difficulté, d’autres, comme Mathias et Lili, ont anticipé. Contraints par la force des choses. A l’alpage de Chalufy, le manque d’eau ne date pas d’hier. «Ces monts sont très secs par nature. Si nous ne nous étions pas adaptés, ça ferait dix ans qu’on ne pourrait plus venir travailler ici», avance Mathias, 33 ans et grosse barbe brune, qui arpente ces montagnes depuis son enfance. A ses yeux, les paysages ont bien changé. «Tous ces arbres-là, avant il n’y en avait pas, il faisait trop froid pour qu’ils poussent», dit-il en pointant la crête d’un mont, couvert de bois. En vingt ans, la forêt aurait remonté de 250 mètres, estime-t-il à vue d’œil. Des arbres plus nombreux en altitude, c’est aussi moins d’eau – déjà peu abondante – disponible pour ses 1 500 brebis. De celles-ci, les éleveurs tirent du lait, de la viande et de la laine.

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