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Divergence

Projet de forage pétrolier en Seine-et-Marne : le ministre de la Santé affiche ses réserves, avant de se raviser

L'eau, une ressource essentielle et menacéedossier
Frédéric Valletoux, ex-maire de Fontainebleau et député de Seine-et-Marne, a réaffirmé son opposition à l’extension d’un site pétrolier dans la vallée de Lunain, puis a rappelé, en tant que «membre du gouvernement», le «plein respect de la loi» de ce projet.
Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, ce mardi 7 mai au Sénat. (Magali Cohen/Hans Lucas. AFP)
publié le 7 mai 2024 à 21h47
(mis à jour le 8 mai 2024 à 16h38)

Même dans les rangs du gouvernement, l’extension d’un site pétrolier dans la vallée du Lunain, révélé par Libé, suscite des réserves. Et pas auprès de n’importe quel membre de l’exécutif : Frédéric Valletoux, le ministre délégué à la Santé. Ancien maire de Fontainebleau et député de Seine-et-Marne, il est donc pleinement informé et a été un temps directement concerné par le projet gouvernemental. Il y était, à l’époque, fermement opposé : auprès de TF1 Info mardi 7 mai, il a confirmé dans un premier temps sa position, inchangée. Avant de rétropédaler.

Entre décembre et janvier, le gouvernement a signé deux autorisations pour autoriser la PME Bridge Energies à étendre sa plateforme pétrolière, à 5 kilomètres au sud de la forêt de Fontainebleau. En toute discrétion. L’entreprise, qui exploite aujourd’hui trois puits, veut poursuivre le développement de son activité, sur un territoire abritant pourtant plusieurs sites naturels protégés.

La nouvelle est un coup de tonnerre pour les communes rurales situées alentour, mobilisées depuis des années contre tout projet d’extension. «En tant que maire de Fontainebleau puis député, j’ai formulé à plusieurs reprises mes réserves et inquiétudes sur l’extension de la plateforme en cause au regard de l’impact environnemental et sanitaire pour le territoire, à l’unisson des maires de la commune concernée et des communes proches, a souligné Frédéric Valletoux dans l’après-midi auprès de TF1 Info (article dans son intégralité ici). J’ai toujours [cette conviction] en tant que ministre.»

«Plein respect de la loi»

Mais mardi dans la soirée, l’ex-élu local désormais membre du gouvernement, a nuancé sa position, ce qui laisse augurer d’un recadrage en haut lieu. «La justice administrative s’est prononcée sur ce projet et l’a validé et le préfet prend au quotidien toutes les mesures pour encadrer ces travaux et garantir les intérêts de protection de l’environnement», a affirmé Frédéric Valletoux dans une déclaration transmise par son ministère à l’AFP. «Je me suis assuré que […] l’ARS [agence régionale de santé, ndlr] avait bien été consultée», a ajouté le message du ministre de la Santé. «Membre du gouvernement, je suis particulièrement soucieux du plein respect de la loi, ce qui est le cas avec ce projet. Ministre chargé de la Santé, je suivrai naturellement le déploiement effectif de toutes les mesures de protection de l’environnement et de la santé dans ce projet comme dans d’autres», a-t-il conclu.

De son côté, la régie publique Eau de Paris voit même dans cet arrêté une menace directe pour son réseau de distribution. Car les deux futurs puits menacent directement une nappe phréatique qui alimente 180 000 Franciliens en eau potable. Le président de l’établissement public, Dan Lert, a déposé un recours contre l’arrêté préfectoral devant le tribunal administratif de Melun. Il a aussi lancé une procédure d’urgence, une requête en référé-suspension, pour éviter le démarrage du chantier avant que l’affaire ne soit tranchée sur le fond. La justice devrait se prononcer sur le référé d’ici quelques jours.

Interrogé sur le sujet ce mardi à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, a pour sa part défendu le projet. Selon lui, cette extension «respecte la loi» – elle ne fixe l’arrêt de l’extraction d’hydrocarbures en France qu’à la fin 2039.

Mise à jour : ce mercredi 8 mai à 16h38, avec l’ajout de la déclaration transmise par le ministère de Frédéric Valletoux à l’AFP mardi soir.