Une main pleine de cambouis d’un vélo rafistolé dans une ressourcerie, l’autre dans la terre fertile d’un jardin partagé. C’est au travers de ces gestes simples, mais formateurs, que 7 000 jeunes Français se sont engagés l’an dernier pour la préservation de l’environnement, grâce au service civique écologique.
Ce dispositif, lancé en avril 2024 et inauguré en août de la même année, est né d’un constat simple : seuls 7% des services civiques en France avaient un lien avec l’écologie, et la plupart de ces missions s’attardaient sur la biodiversité. «Mais à côté de ça, il y a la question de l’alternative à la voiture, la transition énergétique, l’alimentation durable… Le service civique écologique a permis de diversifier les missions», détaille à Libération Nadia Bellaoui, présidente de l’Agence du service civique.
Pour aller plus loin
Evoqué pour la première fois par Gabriel Attal lors de son discours de politique générale en janvier 2024, ce dispositif a pour but d’atteindre les 50 000 volontaires d’ici à 2027 – par ordre de comparaison, le service civique classique a attiré plus de 80 000 jeunes en 2023.
Le pendant écologique ne diffère pas de son grand frère : les missions environnementales sont réservées aux jeunes de 16 à 25 ans – 30 ans pour ceux en situation de handicap. Encadrées par des associations ou des entreprises publiques, elles peuvent durer de six mois à un an, mais «leur engagement est typiquement de huit mois à plein temps», précise Sylvain Waserman, patron de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui a financé une partie du projet. En échange, les volontaires sont rémunérés entre 620 et 735 euros, en fonction de leur statut boursier.
«Leurs actions ont une utilité pour la planète»
«Les jeunes sont, plus que les autres, inquiets des crises environnementales, souligne Nadia Bellaoui. Un jeune sur deux pense qu’agir est important, donc il était essentiel de leur proposer des missions à fort impact, qu’ils soient conscients que leurs actions ont une utilité pour la planète.» La palette d’actions est large et doit toucher du doigt l’un des cinq piliers de la transition écologique : mieux consommer, mieux s’alimenter, mieux se loger, mieux se déplacer, préserver la biodiversité.
Que ce soit la participation à la vie d’une vélo-école pour sensibiliser la population à privilégier ce mode de déplacement plutôt que la voiture, à celle d’un jardin partagé ou à une cuisine nourricière. «Lors de la Conférence des Nations unies sur l’océan, à Nice, des chercheurs ont accueilli pour la première fois des jeunes sur des missions de préservation de l’océan, promeut la présidente. Ce qu’on cherche, c’est rapprocher la jeunesse des acteurs de la transition écologique.»
A lire aussi
D’autant que le service civique écologique semble résonner chez les volontaires. L’objectif initial de 6 500 jeunes engagés a été dépassé, et les deux responsables ne sont pas inquiets en ce qui concerne la volonté et la motivation de leurs protégés pour les années à venir. Mais l’annonce de restrictions budgétaires, dont l’écologie est systématiquement l’une des principales victimes, pourrait freiner les belles ambitions du dispositif.
Fin mai, le gouvernement a annoncé le gel de 15 000 missions de service civique en 2025. «Je comprends que l’équation financière soit compliquée, mais le service civique n’est pas un coût, c’est un investissement», défend Sylvain Waserman. De son côté, Nadia Bellaoui l’assure : «On continuera à proposer aux jeunes des missions de proximité qui correspondent aux causes qu’ils ont envie de défendre.»