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Reportage

Source de La Salvetat : «Je n’ai jamais vu les gens autant remontés»

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Danone, qui exploite déjà une source à La Salvetat-sur-Agout dans l’Hérault, a obtenu l’autorisation de faire un forage de reconnaissance à Murat-sur-Vèbre, dans le Tarn voisin, provoquant la colère des habitants.
A Murat-sur-Vèbre (Tarn), le 14 septembre. (David Richard/Transit pour Libération)
publié le 29 septembre 2022 à 19h00

En ces derniers jours d’été, Murat-sur-Vèbre (Tarn) semble paisible, avec ses arbres encore verts et ses troupeaux de vaches limousines. Mais en apparence seulement. Planté à 842 mètres d’altitude, le bourg se situe à l’extrême sud du Massif central, en plein cœur du parc naturel régional du Haut-Languedoc, sur la pointe est du département du Tarn. Et ses quelque 862 administrés sont en pleine ébullition. Sur la route sinueuse qui y mène depuis Béziers, des panneaux aux slogans évocateurs : «L’eau du pays reste au pays.» «L’eau du pays n’est plus à vendre.» Le territoire boisé et agricole, arrosé par des pluies abondantes, est riche en eau, drainé par un réseau de rivières, de grands lacs, de zones humides. Et de sources rares, naturellement gazeuses. De quoi aiguiser les appétits des industriels de l’or bleu.

A 20 kilomètres de là, la multinationale française Danone exploite la source La Salvetat sur la commune de La Salvetat-sur-Agout, dans l’Hérault, non loin de ses concurrents Mont Roucous et la Fontaine de la reine. C’est ici même que la fameuse eau pétillante (localisée à certains endroits de la nappe souterraine) est puisée et embouteillée. L’année dernière, 180 millions de litres d’eau ont été prélevés par dix forages disséminés dans un rayon d’environ 10 kilomètres. Une eau minérale naturelle gazeuse, reconnue pour ses vertus par l’Académie de médecine en 1848, qui doit sa signature aux roches cristallines souterraines dont les failles l’alimentent en gaz carb