Menu
Libération
Décryptage

Vitesse, formation, dégâts… ce que l’on sait de la tornade qui a frappé le Val-d’Oise

L’épisode «venteux, soudain et violent» a fait un mort à Ermont, au nord de Paris, lundi soir. Le contexte météorologique était identifié comme propice au phénomène.

A Ermont, dans le Val-d'Oise, lundi 20 octobre. (Camille Moreau/LE PARISIEN/MAXPPP)
Publié le 21/10/2025 à 12h45

C’est l’un des phénomènes météorologiques les plus dangereux. Une tornade a frappé le Val-d’Oise, lundi 20 octobre au soir. Des tourbillons de vents d’une rare violence ont fait chuter trois grues dans la ville d’Ermont, ont arraché des toits et ont tué un ouvrier de 23 ans qui travaillait sur un chantier, a annoncé la préfecture du département. Quatre autres blessés sont en urgence absolue et cinq en urgence relative.

Cent cinquante sapeurs-pompiers, personnels du Samu et policiers ont été déployés sur les secteurs d’Ermont, d’Eaubonne, d’Andilly, de Montmorency et de Franconville «pour sécuriser les zones touchées, porter assistance aux habitants et dégager les voies», a précisé la préfecture dans un communiqué, mentionnant «324 interventions et plus de 700 appels» recensés. En outre, 1 700 foyers ont été privés d’électricité.

La ville d’Ermont a été la plus affectée par «cet épisode venteux, soudain et violent, localisé à une dizaine de communes, qui s’est produit à 17 h 50», a détaillé le préfet Philippe Court. Une enquête pour homicide involontaire et blessures involontaires dans le cadre du travail a été ouverte à Pontoise, en flagrance, et confiée au service interdépartemental de police judiciaire du Val-d’Oise.

Orages supercellulaires

Mais comment se forment les tornades et à quoi sont-elles dues ? Selon Météo France, on peut les définir comme «un tourbillon de vents violents se développant sous un cumulonimbus [un nuage gris et épais] et se prolongeant jusqu’à terre». Le phénomène, qui n’est pas rare en France puisqu’on en compte des dizaines par an, est assez bref et très localisé. «Leur diamètre varie de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres, pour un parcours de quelques kilomètres et une durée de vie de quelques minutes à plus de deux heures», pointe l’institut météorologique. Ce qui rend visible les tornades, ce sont les gouttelettes de condensation qui y naissent et façonnent cette excroissance typique, en forme d’entonnoir.

Par ailleurs, les tornades se développent dans des conditions orageuses particulières. «Les plus violentes et les plus dévastatrices sont générées au sein des supercellules», c’est-à-dire des cellules orageuses très violentes, souvent vastes et durables qui se forment dans des conditions atmosphériques très instables (lorsque la température décroît rapidement avec l’altitude, et en présence d’une importante variation du vent).

Le contexte météorologique de ce 20 octobre était identifié comme propice aux tornades, c’est-à-dire avec une cellule orageuse de «dimension réduite mais de forte activité», explique l’Observatoire français des tornades et orages violents Keraunos. Cette cellule s’est formée plusieurs heures plus tôt dans l’ouest du pays, mais s’est réellement renforcée en passant au nord de Dreux (Eure-et-Loir) vers 16 h 30. Lors de son transit sur les Yvelines, elle a conservé une très forte activité puis elle a atteint le Val-d’Oise où elle a développé une tornade d’intensité significative, détaille l’observatoire.

Rotation cyclonique

Si les tornades se déplacent en moyenne à 50 km/h, elles peuvent toutefois dépasser 100 km/h. Fait intéressant, dans l’hémisphère nord, la rotation de l’air dans les tornades est le plus souvent cyclonique, dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Lorsqu’elles traversent des régions rurales, les tornades peuvent passer sans laisser de traces. Mais dans des zones urbanisées avec de nombreuses infrastructures, elles peuvent faire de lourds dégâts. Selon le cofondateur de Keraunos, interrogé par le Parisien, le tourbillon de ce 20 octobre a atteint des vents de 180 à 200 km/h. «On a déjà vu plus fort en France, mais cela reste un niveau d’intensité élevé, à partir duquel il existe un vrai danger», estime-t-il.

Le lien entre le réchauffement climatique et les tornades n’est pas établi, notamment car la température du sol n’a pas d’impact sur la formation de ces tourbillons. De plus, l’évolution future des phénomènes orageux violents est mal connue.

La dernière tornade observée dans le Val-d’Oise remonte au 16 juillet 2003, lorsqu’un violent tourbillon de vent avait provoqué des dommages à Roissy-en-France.