Moscou, envoyé spécial
A peine le quatrième sommet entre Boris Eltsine et Bill Clinton avait-il débuté hier que leurs conseillers l'avaient déjà taxé de «difficile». Le président américain faisait en effet grise mine au sortir de son tête-à-tête de trois heures avec son homologue russe, même s'il a obtenu l'annulation de la livraison par Moscou à l'Iran d'une centrifugeuse permettant d'enrichir l'uranium à des fins militaires. Bill Clinton accuse le régime de Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Boris Eltsine, de son côté, a répondu à un journaliste lui demandant s'il n'avait pas cédé aux mises en garde internationales en annonçant l'annulation de cette livraison: «Nous, nous n'avons pas peur des menaces.»
La «lune de miel» entre Moscou et Washington, entretenue avec zèle depuis 1991, est bel et bien terminée. Mais pourquoi? Pas à cause des violations patentes des droits de l'homme par l'armée russe en Tchétchénie depuis cinq mois. Bill Clinton et son secrétaire d'Etat Warren Christopher ont certes appelé leurs interlocuteurs à un «cessez-le-feu permanent», mais ils se sont bien gardés de contredire le dogme du Kremlin selon lequel le sort de cette République demeure une «affaire intérieure russe». Le chef d'Etat américain n'a pas bronché quand, lors de la conférence de presse commune, Boris Eltsine, tout en promettant «une stabilisation démocratique prochaine» en Tchétchénie, a implicitement assimilé le peuple tchétchène au «terrorisme qui ne connaît pas de front