Beauvais, envoyé spécial
Sur l'écran de télévision, on voit Jacques Chirac, qui vient de prendre ses fonctions, se figer au garde à vous devant la garde républicaine. Et, soudain, mercredi, dans cette salle basse de la section RPR de Beauvais, les militants les plus fidèles, des vieux, des moins vieux, une trentaine de personnes réunies pour se gaver, se saouler ensemble de leur victoire récente, le regard figé sur le poste, se lèvent pour entonner la Marseillaise. Ainsi sont les chiraquiens de longue date: d'abord et avant tout sentimentaux en bleu, blanc, rouge. Ils clament l'hymne national, très fort; s'essuient le coin de l'oeil, où perle une larme de bonheur. Puis, le moment historique passé, repoussent avec fièvre les paquets de tracts qui restent de la campagne, sortent dans une joyeuse pagaille les cacahuètes, du saucisson et le paté, du porto, du bordeaux. Les rillettes, qu'on étale dans des tartines rabelaisiennes.
Elégant dans son veston rose, Patrice Fontaine, secrétaire départemental du RPR de l'Oise, vice-président du conseil régional de Picardie, conseiller général de l'Oise, maîtrise de Sciences-Po, tape sur l'épaule de Moïse, manutentionnaire, de Jacques Huzieux, ex-surveillant de HLM et secrétaire départemental adjoint. Il parvient à dominer le chahut: «Je voudrais vous dire ma reconnaissance pour le travail extraordinaire que vous avez fait. Je vous embrasse, je vous aime.» On l'applaudit. Puis Monique, la femme du garagiste, attaque l'Arbre à prunes, chans