Les essais nucléaires sont, comme l'a répété Jacques Chirac au Sénat
mercredi (lire Libération d'hier), destinés à vérifier la fiabilité des armes actuelle s; mais ils sont aussi indispensables pour mettre au point les nouveaux équipements dont les armées souhaitent se doter. Dans la plus pure tradition des groupes de pression, une campagne est en cours, dont les arguments sous-tendent tout le discours tenu à Paris aux experts américains Garwin, Paine et Kidder (lire pages 2 et 3). Elle vise à amener le pouvoir politique à lancer la fabrication d'un nouveau missile air-sol, qui serait lancé par le Rafale, et qui a été baptisé ASLP (air-sol longue portée). Ce programme, de 30 milliards de francs environ, permettrait aux forces nucléaires françaises de frapper une cible à plusieurs milliers de kilomètres du point de largage par l'avion; cet engin disposerait d'une précision de quelques mètres et permettrait d'exécuter, selon le jargon en vigueur, des frappes «chirurgicales» ou «décapitantes».
Jusqu'à présent, la doctrine française repose sur la menace de représailles massives contre un adversaire plus puissant, mais pour lequel les dégâts provoqués par une explosion atomique seraient insupportables. Cette stratégie est dite «du faible au fort». L'idée des militaires consiste à ce qu'il soit possible pour la France de dissuader un adversaire moins puissant qu'elle, mais qui pourrait être tenté, pour peu qu'il possède les missiles et l'armement nucléaire ou chimique adéquats, par