Jean-Michel Boucheron, député socialiste d'Ille-et-Vilaine, a été
président de la commission de la Défense. Il est chargé des affaires de défense au PS.
Vous aviez, dans les dernières semaines, marqué votre opposition à la reprise des essais français. Que pensez-vous de ce premier tir?
Il s'agit d'une faute politique, et l'arrivée du président de la République sur la scène internationale se fait à contresens de l'histoire. Cette reprise n'a qu'une seule motivation: la volonté présidentielle d'affirmer une posture néo-gaulliste au plan international. Le problème, c'est que les temps ont changé. Notre pays n'a plus à être l'arbitre entre deux blocs antagonistes, et se doit au contraire de prendre la tête d'un mouvement de pacification de la planète. Cette explosion a évidemment quelque chose de désuet.
Partagez-vous le point des vue des opposants qui l'estiment scientifiquement inutile?
Ces essais ne servent pas des buts scientifiques. Il suffit pour s'en convaincre d'analyser les réponses embarrassées de nos responsables politiques et de nos experts. S'agirait-il de vérifier nos armes actuelles? Chacun sait qu'elles sont opérationnelles pour longtemps. S'agit-il de fabriquer des armes nouvelles? On nous assure que non. Dans le cas inverse, le débat sur les armes nucléaires tactiques serait d'ailleurs ouvert, et un tel choix relèverait d'un choix stratégique indéfendable. Faut-il préparer nos armes pour l'après 2020? Nos chercheurs, qui avaient remis la première bombe, au début de