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Libération

Les critiques de la communauté internationale se poursuiventNuit de pillage et d'émeute à Papeete vingt-quatre heures après l'essai

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publié le 8 septembre 1995 à 8h31

Le calme est revenu hier à Tahiti et les derniers barrages dressés

par les manifestants à l'ouest de Papeete ont été levés. Seuls les abords de l'aéroport étaient toujours le théâtre d'affrontements entre manifestants et policiers.

Les incidents avaient débuté la veille à l'occasion de la première journée de grève lancée par des syndicats proches des indépendantistes, opposés aux essais nucléaires.

Après une nuit d'émeute, les dégâts sont considérables: magasins dévalisés, vitrines explosées, voitures incendiées. L'aéroport a été détruit à 90%. Les forces de l'ordre ont procédé à une cinquantaine d'interpellations. Des légionnaires et des parachutistes ont été réquisitionnés.

Papeete, envoyée spéciale Papeete brûle. Sur le front de mer, un hôtel vomit des cascades de feu, une chevelure crépitante qui éclabousse le trottoir de mille flammèches. Dans une ruelle, généralement obscure, un magasin devenu brasier, ouvre une plaie lumineuse dans l'immeuble qui l'abritait. Déjà deux restaurants ne sont plus que cendres. Dans la nuit, s'élèvent des torches monstrueuses, gorgées de lumière orange et noire. Des braseros alimentés par le contenu des poubelles de la ville tranforment Papeete en un camp sauvage où des silhouettes adolescentes éventrent les vitrines pour piller tout et n'importe quoi.

Sur leurs Vespa, dans des éclats de rire, les jeunes Tahitiens sillonnent la ville qui, ce soir, leur appartient. Ils ont des sacs gorgés de butin et des filles à leur suite. Les touristes s'accr