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Libération

Le patient-client ou le dilemme du Dr Michel. Généraliste en banlieue, Michel M. doit concilier économies et souci de conserver sa clientèle.

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publié le 14 septembre 1995 à 8h21

Forcément, la grosse dame est diabétique. Non insulodépendante,

soit. Mais il lui faut 3 comprimés par jour de D..., plus trois comprimés de S... Elle avoue ne pas suivre son régime. D'ailleurs, ce n'est pas simple, lorsqu'on travaille dans la restauration. Depuis son infarctus de l'an dernier, elle prend également une pilule de T..., chaque matin. Une gélule de C.... Du Z..., pour le cholestérol, chaque jour. Et si l'on ajoute que sa «surcharge pondérale» a entraîné des varices, il faut ajouter du D... 500, à raison de 2 par jour.

Total de l'ordonnance: 880 francs de plus, à la charge de la Sécu...

Une fois qu'elle est partie, le docteur Michel M. s'assoit à son bureau, ouvre le dictionnaire Vidal des médicaments, fait l'addition. Par curiosité, pour faire plaisir au journaliste. Puis il sourit, gêné. Non, dit-il, il ne pouvait faire moins cher. Sauf à laisser souffrir la grosse dame. A prendre trop de risques. A perdre sa clientèle. «Je suis pour les économies», dit-il. Mais le patient, lui... Toujours, là, à vouloir. A demander. A exiger...

C'est un après-midi normal, dans un petit cabinet généraliste de centre-ville, en grande banlieue parisienne. Rien d'extraordinaire, sinon la vague de mamans, de rejetons en salle d'attente, venant chercher un certificat d'aptitude au sport, à l'heure de la rentrée. Mode automnale de cette activité saisonnière. Beaucoup de personnes âgées, provenant d'une clientèle rachetée à un vieux toubib, en partance pour la retraite.

Un jeune, qui s'es