Majorque, envoyé spécial
La reprise des essais nucléaires français aura au moins eu un mérite: celui de faire sortir le débat sur la future politique étrangère et de défense européenne des arcanes théoriques où il s'enlisait et de le placer, de facto, au centre de la Conférence intergouvernementale (CIG) de 1996.
Les essais français ont, en quelque sorte, posé une question de confiance aux partenaires de la France: «On ne peut, au sein d'une union politique, avoir l'air de spectateurs distraits lorsque l'un d'entre nous a un problème de sécurité», rappelait récemment un diplomate français. Or, dans un monde nucléaire, la politique de dissuasion est centrale pour l'avenir d'une politique étrangère et de sécurité commune européenne (PESC), «la question nucléaire étant liée à l'évolution de l'Otan, au problème russe, à la prolifération nucléaire et, au final, à la façon d'organiser au mieux une défense commune entre nous», analyse ce diplomate.
Mais, à en juger par les réactions des capitales européennes, on peut douter de la capacité de l'Union à se doter, à échéance prévisible, d'une PESC digne de ce nom tant le degré de consensus et de confiance entre les Quinze apparaît faible. Grande-Bretagne mise à part, tous les partenaires de la France ont, en effet, condamné la reprise des essais, même si des clivages existent: les grands pays n'ont pas réagi comme les petits, les neutres comme les pays appartenant à l'Otan, les nordiques comme les latins, les pays fondateurs comme les ad