Jamais il ne fut le dauphin, et c’est peut-être là sa chance. Lionel Jospin s’est contenté d’être l’élève de François Mitterrand. Un élève suffisamment doué pour prendre quelques libertés avec son maître, affirmer son propre style et ne jamais avoir à dire: «Lui c’est lui, et moi c’est moi.» Mais, aujourd’hui qu’il a brillamment remporté la course à l’héritage, les socialistes se souviennent qu’il est allé à bonne école. «C’est lui qui a le mieux appris», constatent en choeur zélateurs et contempteurs, qui retrouvent chez Jospin quelques précieux enseignements mitterrandiens.
L'histoire Jospin-Mitterrand s'est jouée en trois actes. La découverte, où François Mitterrand, premier secrétaire du PS, repère le jeune militant Jospin et en fait un très proche conseiller politique. Jamais un intime. L'apprentissage du pouvoir, où Mitterrand devenu chef de l'Etat impose Jospin à la direction de la rue de Solférino, l'associe aux grandes décisions, aux grandes secousses. Puis vient l'émancipation, où Jospin, ministre de l'Education nationale pendant quatre ans avant d'être mis sur la touche en 1992, pose un regard très dur sur la dérive courtisane du pouvoir mitterrandien. Candidat à la présidentielle, il revendiquera même un «droit d'inventaire». Epilogue la semaine dernière: Lionel Jospin est allé voir François Mitterrand. A quelques jours de la consécration, il est donc retourné vers celui qui lui apprit le métier.
«Il faut laissez du temps au temps», aime à répéter l'ancien présiden