Salot Sar, alias Pol Pot, maître d’oeuvre du génocide khmer rouge au
Cambodge entre le 17 avril 1975 et le 7 janvier 1979, s'est réfugié en Thaïlande au début des années 80. En 1991, il vivait sous la protection d'une unité d'élite de l'armée thaïlandaise, dans le district de Trat. Ta Mok, auteur d'une purge particulièrement sanglante dans l'est du pays, qui fit environ 100.000 morts en 1978, habite lui aussi en Thaïlande, dans le district de Kukhan, où il s'est reconverti dans les affaires. Quant à Khieu Sampan, chef officiel du mouvement khmer rouge, il eut l'insigne honneur d'être considéré comme un interlocuteur respectable par les cinq grands et les Nations unies lors des négociations qui ont conduit à l'accord de paix, signé à Paris, en 1991, sous l'égide de la France et de l'Australie. Khieu Sampan parvint même à faire évacuer de l'accord toute référence au génocide...
Les estimations chiffrées du génocide cambodgien varient de 70.000 à 3.250.000 morts, cette dernière donnée émanant du gouvernement cambodgien provietnamien, qui chassa celui des Khmers rouges. Mais ces chiffres ne reposent sur aucun décompte systématique. Il aura fallu attendre cette année et la publication du Génocide khmer rouge, une analyse démographique (1) pour disposer d'un outil permettant de jauger toute l'ampleur des massacres.
Utilisant une batterie de moyens d'études démographiques et statistiques, à l'aide d'enquêtes sur le terrain, Marek Sliwinski, professeur de sciences politiques à l'unive