Economiste spécialiste des questions d'armement, Jean-Paul Hébert
est membre du groupe de sociologie de la défense à l'Institut des hautes études en sciences sociales.
L'un des éléments de la crise de Giat Industries réside dans sa dépendance extrême des contrats à l'exportation. Or ils se raréfient et deviennent de plus en plus difficiles à obtenir. Va-t-on assister en Europe à la disparition d'un ou de plusieurs constructeurs de matériel blindé?
Dans l'industrie d'armement européenne, le secteur terrestre se trouve dans la situation la plus difficile; la multiplicité des programmes en est l'une des raisons: quatre programmes de chars de bataille contre un seul au Etats-Unis, seize programmes de véhicules de combat d'infanterie contre trois aux Etats-Unis... De plus, c'est le secteur qui s'est le moins adapté aux changements récents du monde, et dans lequel les concurrents sont de plus en plus nombreux, où la compétition est donc de plus en plus forte. On ne saurait exclure de nouvelles disparitions. En 1981, la firme d'armement Manurhin employait 6.000 personnes, et Luchaire représentait 9.000 emplois (soit l'équivalent de Dassault aujourd'hui). Or, de ces deux groupes, il ne reste pratiquement rien. L'armement terrestre en France est déjà passé de 45.000 à 30.000 emplois entre 1990 et 1994. A défaut de rapprochements significatifs rapides, la déconfiture sera catastrophique.
Dans l'industrie mondiale de l'armement, qui tirera son épingle du jeu et à quelles conditions?
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