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Libération

Omar Raddad. Cinq ans après, toujours l’incertitude.

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L’enquête a été bâclée, l’accusé nie... le mystère reste entier.
publié le 11 mai 1996 à 6h09

Le dimanche 23 juin 1991, Ghislaine Marchal, 65 ans, riche veuve d’un industriel en accessoires automobiles, est assassinée dans sa maison de Mougins (Alpes-Maritimes). Le lundi, les gendarmes de la brigade de recherches de Grasse retrouvent son corps, dans le sous-sol de la villa, étendu derrière la porte close d’une chaufferie, lardé de dix coups de couteau. Sur une porte de la cave, ils relèvent cette inscription écrite avec du sang: «Omar m’a tuer».

Le mardi, les enquêteurs interpellent Omar Raddad, 27 ans, jardinier de Ghislaine Marchal, de nationalité marocaine. Arrêté à Toulon, où il se trouvait auprès de son épouse, le jeune homme les suit «avec sang-froid et calme». Placé en garde à vue, puis entendu par le juge d'instruction Sylvaine Arcinengo, il est inculpé d'homicide volontaire et écroué à la maison d'arrêt de Grasse.

Dès le premier jour, Omar Raddad clame son innocence. Sa position ne variera jamais, même après sa condamnation, le 2 février 1994, à dix-huit ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Alpes-Maritimes.

Entre l'arrestation du jardinier et sa condamnation, sept demandes de mise en liberté sont refusées. Quatre juges d'instruction se succèdent. L'audience en cours d'assises, présidée par Armand Djian, dure une semaine. Jour après jour, elle révèle les approximations et les lacunes de l'enquête, dans tous les domaines.

L'alibi d'abord. Les faits et gestes d'Omar Raddad, au moment du crime, ne sont pas clairement établis. Selon le jardinier, il