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Libération
Interview

«Pas de conscience de la mort». Les enfants ne réalisent pas la gravité de leur acte.

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publié le 16 mai 1997 à 2h41

Abram Coen, 62 ans, est psychanalyste et psychiatre. Il dirige le

service psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent des hôpitaux de Saint-Denis.

«La tentative de suicide est la première cause d'hospitalisation de l'adolescent. L'idée de l'acte peut émerger chez un enfant très jeune: on nous amène parfois des enfants de 8 ans qui ont voulu attenter à leur jours, explique-t-il. Il y a-t-il des tentatives chez des enfants plus jeunes encore? C'est difficile à dire, mais certains petits vont avaler un tube de somnifères trouvés dans la chambre des parents et là on parlera plutôt d'accident domestiques. Même si l'idée du danger et du risque était réel». L'enfant ou le jeune adolescent savent-ils que leur geste peut être ultime? Il n'a souvent pas une conscience très claire de son acte, il est plutôt dans une attitude de désespérance ou de défi. Et c'est à l'hôpital, avec la somme de soins apportés, qu'il prend conscience de la gravité de son geste, on entend des enfants dire: «je ne comprends pas ce que j'ai fait», «je ne voulais pas aller si loin»" Dans ces cas de tentatives de suicide qui nous parviennent, le geste semble plus être du domaine de l'acte que de celui de la réflexion. On ne peut pas vraiment dire que ces enfants recherchent la mort, ils recherchent une suspension des conflits, veulent que «ça s'arrête» et c'est par cette tentative qu'ils marquent ce temps d'arrêt.

A quoi veulent-ils mettre un terme? La tentative de suicide chez les enfants et les adolescents peut