Bangkok, de notre correspondant.
C'est la chronique d'un lent déclin. Ayant boycotté les élections organisées par l'ONU en 1993, les Khmers rouges mènent depuis une guérilla larvée dans le nord et le nord-est du Cambodge contre la coalition gouvernementale issue du scrutin, formée du Funcinpec, du prince Norodom Ranariddh, et du parti du peuple (PPC), dirigé par Hun Sen. Repliés près de la frontière thaïlandaise, abandonnés par la Chine et la Thaïlande, qui les avaient soutenus militairement pour lutter contre le régime de Hun Sen (alors allié au Viêt-nam prosoviétique), les Khmers rouges ont réussi, à chaque saison sèche, à défendre leurs bastions et à repousser les gouvernementaux. Mais cette nouvelle donne entamait le moral des soldats khmers rouges, qui désiraient plus que jamais la paix. Comme l'expliquait le commandant Im Ngom, premier officiel supérieur khmer rouge à faire défection en 1993: «Nos chefs nous disaient de combattre les Vietnamiens, mais, chaque jour, nous tuions des Khmers. Notre chef nous disait simplement que le parti du Kampuchea démocratique n'a pas besoin d'élections, sans autre explication. Ce sont les hauts cadres qui font la politique, et nous, à la base, nous devons servir la politique.»
Ras-le-bol de la troupe. Les témoignages des premiers déserteurs confirmaient ce sentiment. Sur le plan militaire, les Khmers rouges, faute de moyens, abandonnaient peu à peu toute coordination à l'échelle nationale. Des groupes isolés opéraient dans le sud et