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Libération
Éditorial

Une leçon et un défi

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publié le 2 juillet 1997 à 6h37

C'est sans doute la loi du genre: on entendra clamer à la démission,

au retrait, au renoncement et à l'impuissance de l'Etat. On parlera peut-être même d'ultralibéralisme ou d'impérialisme économique américain. On dénoncera ­ qui sait? ­ la volonté technologique hégémonique de la (seule) puissance mondiale. On entendra, en un mot, des discours préparés d'avance.

Il faut pourtant prendre le rapport Magaziner, endossé hier de fait par le président américain Bill Clinton, pour ce qu'il est: en dépit des apparences et de son idée centrale (à peu près: une célébration raisonnée du laissez-faire généralisé sur l'Internet), il ne s'agit pas d'une profession de foi idéologique. Mais bien d'un constat, qui repose sur une analyse pragmatique de la nature même du médium électronique.

On n'en verra pas seulement la preuve dans le fait que l'auteur du rapport, Ira Magaziner, vient des cercles les plus dirigistes de la gauche démocrate traditionnelle: de ce point de vue, on peut être sûr que le Net aura été passé au crible intellectuel le plus intransigeant. Le plus important est peut-être dans l'affirmation officielle, dans le pays qui demeure, pour l'instant, la patrie et le moteur de la révolution de l'information, que ce marché particulier qu'est l'Internet requiert des types de régulation à la fois légers et neufs, dont on ne peut plus trouver la source dans les vieux centres décisionnaires du pouvoir exécutif et législatif.

Il y a là, à la fois pour la France, l'Europe et les autres pa