Il ne faut pas gratter beaucoup le vernis précontraint du langage
obligatoire pour discerner, chez Claude Allègre, comme une petite musique qui pourrait nous changer agréablement des ronrons si longtemps convenus du corporatisme et de l'immobilisme. Voilà un ministre de l'Education qui semble avoir des idées admettons qu'il ne soit pas le premier. Un ministre qui a de l'énergie ils ont été plus rares. Un ministre qui semble enfin se soucier assez peu des convenances conformistes: on a du mal à se souvenir s'il y en eut d'autres. Si les petits cochons de la politique, du syndicalisme et de la bienséance ne le mangent pas d'ici là, voilà qui pourrait promettre quelques instants jubilatoires, intellectuels aussi bien que politiques, et aussi quelques étincelles bienvenues.
Dans tout ce que dit Allègre depuis son entrée en fonctions, on discerne en effet les prémices d'un bon sens assuré et d'un authentique esprit révolutionnaire (d'abord parce qu'il affirme avec un grand calme qu'il peut changer l'Education sans exiger une augmentation de son budget). C'est peut-être ici d'ailleurs le bon sens qui est révolutionnaire, avec cette certitude affichée entre les lignes que c'est par l'Education qu'on lutte le plus efficacement contre les inégalités, et qu'un système éducatif, quel qu'il soit, se juge d'abord à ses résultats. Il faut espérer qu'Allègre dure. Il faut espérer aussi que ses camarades, à commencer par son ami Premier ministre, ne le lâcheront pas aux premières bourras