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Libération
Analyse

Alarmisme anachronique. Depuis 1987, les marchés ont gagné en stabilité.

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publié le 29 octobre 1997 à 10h52

Le sursaut enregistré hier sur la plupart des marchés financiers

occidentaux donnera une fois de plus du souci à l'industrie du catastrophisme, la seule qui souffrira durablement du coup de grisou boursier. S'il est un domaine où l'alarmisme se vend toujours mieux que l'indifférence, c'est bien celui-là. Depuis soixante-huit ans, le simple mot de «krach» charrie avec lui un flot d'images historiques et dramatiques où les hordes de nouveaux miséreux ruinés par l'inflation et la spéculation se mêlent confusément à la mémoire des grands drames européens du siècle.

Causes et effets. La chose serait simple si tout se résumait à un pourcentage, et si les mêmes causes avaient produit les mêmes effets en 1929, en 1987 et en 1997 ­ pour s'en tenir aux trois occurrences que la chronique retient ces jours-ci. On sait qu'il n'en est rien: la principale conséquence de la crise de 1987 est qu'elle n'en eut pas, ou si peu ­ à part sur le moral des golden boys de Wall Street. C'est que les choses avaient changé depuis les années vingt, notamment la coopération internationale (alors inexistante) et le savoir-faire financier des banquiers centraux. Or les choses ont continué de changer depuis dix ans, qui interdisent une fois de plus les parallèles en forme de conversations de comptoir.

On se gardera d'enterrer prématurément la crise financière actuelle. On peut au moins pointer du doigt sa singularité. Voici pour la première fois un krach dont l'origine est extérieure au périmètre habituel des