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Libération
Éditorial

Exception française.

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publié le 8 novembre 1997 à 13h32

La fin du conflit des routiers qui s'esquissait vendredi laisse le

goût bizarre d'une affaire drôlement menée, drôlement arbitrée et drôlement achevée. Les salariés du volant y ont peut-être emporté une victoire à la Pyrrhus ­ si les engagements sont aussi bien respectés, dans les entreprises de transports, que ceux qui avaient été pris l'an dernier. Le gouvernement n'y a pas brillé, après avoir feint d'organiser des événements qui lui échappaient. Surtout, le conflit a révélé au grand jour plusieurs de ces caractéristiques que le monde ne nous envie pas, et qui révèlent l'étendue de ce que certains commentateurs ont appelé naguère la «régression française».

La crise a d'abord mis en évidence l'estime dans laquelle est tenu l'Etat de droit dans un pays qui préfère toujours être gouverné par des hommes, plutôt que par la loi. Ce droit du travail que tant de patrons piétinent, ce gouvernement impuissant à faire exécuter les lois de la République et même, à vrai dire, ces barrages mis en place sous le bienveillant regard d'une population blasée: l'impression est pénible. Pour s'en tenir à une vision délibérément apolitique de la situation: soit, les lois sont mal faites, et il faut les changer; soit, elles sont bien faites, et elles méritent d'être respectées.

La deuxième victime de cette semaine est une certaine idée de l'Europe vue de France, et de la France vue d'Europe. L'hebdomadaire britannique The Economist rapproche, de ce point de vue, le conflit routier de la nomination