Ce sont deux fins de règne qui se croisent plus qu'elles ne se
rencontrent à La Havane, une impression d'usure qui n'est pas principalement due au nombre d'années qu'accusent tant le pape que le Lider Maximo. Au milieu des décombres du communisme international, l'interminable fin de partie cubaine reste certes suspendue à la vie de celui qui a confisqué la quasi-totalité des pouvoirs dans l'île depuis quarante ans, mais la longévité de Castro importe moins que le type de transition qui attend désormais le pays. La mauvaise santé apparente du pape relance les traditionnels concours de pronostics, mais après la brillante sortie du communisme qui restera liée au nom de Wojtyla, le successeur de ce dernier devra inventer un «cours nouveau» qui reste encore fort problématique. Chacun dans son domaine, Jean Paul II et Fidel Castro sont des conservateurs fermement attachés aux croyances et aux dogmes qu'ils ont choisis au temps de leur jeunesse et avec lesquels ils ont construit leurs carrières respectives. Mais ceux-ci ne paraissent guère à même d'affronter efficacement la suite de l'histoire. La popularité du pape n'a pas empêché les églises de continuer de se vider et les vocations de se raréfier, du moins dans les pays développés, celle de Castro n'a pas sauvé un système devenu moribond dès qu'on lui a retiré sa tente à oxygène soviétique. Jean Paul II et Castro appartiennent clairement à des camps politiques opposés, mais aussi essentiellement à une même période historique qui