Aix-les-Bains, envoyé spécial.
Quand les coureurs se rassemblent près de la patinoire d'Albertville, Jean-Marie Leblanc flatte depuis son estrade une foule de notables savoyards. «Regardez le temps, le cadre, le public, s'échauffe-t-il. C'est un décor montagnard de première grandeur tellement propice à la course cycliste!» S'il sent déjà que le temps va tourner, le directeur du Tour de France n'en montre rien. Il part d'un bon pas arpenter les allées du départ. Il dit n'être pas informé d'un possible mouvement de révolte des coureurs, mais, à cette heure, se range de leur côté. «J'ai été profondément choqué par la manière dont les autorités sont intervenues, mardi soir, auprès des TVM, dit-il. Pas sur le fond mais dans la forme. Rendez-vous compte qu'on a laissé ces coureurs regagner leur hôtel après minuit. Pourquoi les traiter de la sorte?»
A quelques mètres de là, le mouvement qui va plomber le Tour pour de bon n'a pas encore pris forme. Le public, réjoui, déborde des boulevards. Des coureurs vont signer la feuille de départ en sifflotant, d'autres restent dans les voitures, certains discutent à l'écart. «C'est scandaleux, glisse Fornaciari, agité, à un Peteers placide. Au lit sans manger, sans massage!» Les directeurs sportifs avancent qu'ils n'ont rien remarqué d'anormal dans l'humeur de leur équipe. Ils sont dépassés et se cramponnent aux derniers signes de la normalité. Roger Legeay dit suivre l'évolution de la situation «de minute en minute».
Le sprinter de TVM Jeroen