Jacques Chirac a-t-il été un jour maire de Paris, voire président du
RPR? Alors qu'un escadron de juges d'instruction tente de démêler l'écheveau parisien du financement occulte du RPR, son entourage a toujours nié l'existence d'une «cellule de crise» à l'Elysée. Il y a pourtant le feu, Alain Juppé et Michel Roussin constituant les deux derniers fusibles avant une éventuelle mise en cause du président de la République.
«Misère financière.» Son nom fut d'abord prononcé de manière subliminale par quelques protagonistes. Comme Robert Galley, trésorier du RPR de 1984 à 1990, mis en examen pour complicité d'abus de biens sociaux en mars: «Jacques Chirac m'avait fait part de la misère financière du mouvement, qui nécessitait donc de grands efforts d'imagination pour arriver à collecter les fonds nécessaires»... Henri Montaldo, faux facturier incarcéré en juin après trois ans de cavale, s'était montré encore plus ténébreux face aux enquêteurs (1): «C'est de l'argent pour Chirac, mais vous n'en aurez jamais la preuve.»
Longtemps, les langues de la cinquantaine de personnes mises en examen (pour emploi fictif, fausses factures ou trucage d'appel d'offres) sont restées relativement hermétiques, contre la promesse d'une hypothétique impunité: c'était l'époque où Jacques Toubon, garde des Sceaux, s'en portait garant en tronçonnant les dossiers, croyant freiner les juges en éparpillant les procédures judiciaires. Mais la tactique a ses limites: le juge Desmure, avec l'accord du parquet de N