A Marseille, la «prime de Noël» des chômeurs est devenue presque une
tradition. «Un fonds de commerce pour la CGT», soupire-t-on à la préfecture des Bouches-du-Rhône. C'est au cours de l'hiver 1990-1991 que la demande d'aides d'urgence a commencé à se répandre dans les Bouches-du-Rhône, portée par d'anciens militants CGT des chantiers navals de La Ciotat, dont Charles Hoareau, l'actuel leader local des comités chômeurs cégétistes. A l'époque, les Assedic utilisaient au cas par cas les reliquats de fonds sociaux dont ils disposaient pour répondre aux appels de détresse. «De mémoire, il me semble que la première fois, nous avions eu cent dossiers et seulement une vingtaine confirmés», se rappelle un employé des Assedic. «Depuis, les demandes ont grossi, mais toujours au même moment quand les magasins s'illuminent et regorgent de produits pour les fêtes», constate la préfecture. «Au début, c'était plutôt une prime de dépannage». Huit ans plus tard, ce ne sont pas 100 mais 100 000 dossiers que Charles Hoareau affirme avoir récoltés. Petit à petit, d'année en année, l'habitude a ainsi été prise. «La voie a été d'autant plus facile qu'elle avait été défrichée de longue date», concède la préfecture. Jusqu'à il y a deux ans, le système a perduré cahin-caha. Mais, fin 1996, la réforme des fonds sociaux et l'arrêt de toute distribution possible par les Assedic a mis le feu aux poudres et déclenché le début du mouvement des chômeurs à Marseille. L'année dernière, le milliard débloqué p