Depuis le mois d'août, le classement des grandes compagnies
pétrolières a été bouleversé. C'est à qui dévorera le plus gros concurrent pour mieux avancer dans le peloton de tête. A ce petit jeu, le géant américain Exxon (connu en France sous le nom d'Esso) s'est jusqu'à présent montré le plus fort. En rachetant Mobil la semaine dernière, il a conclu la plus grosse fusion industrielle de tous les temps. Du coup, l'anglo-néerlandais Shell, numéro un mondial pendant longtemps, prépare sa riposte. La rumeur lui prête l'intention de racheter l'américain Chevron, ce qui le ramènerait presque au niveau d'Exxon-Mobil (voir tableau page 3). Le britannique BP, pour sa part, s'est arrogé la troisième place depuis le mois d'août en fusionnant avec l'américain Amoco. Quant au français Total, il n'a pas voulu être en reste: il a annoncé la semaine dernière le rachat du belge Petrofina, au nez et à la barbe de son concurrent Elf, qu'il devance maintenant dans le fameux palmarès.
La chute des cours du brut a bien sûr quelque chose à voir avec le phénomène. Ces grandes manoeuvres ont d'abord pour but de réaliser des économies d'échelle, au moment où les recettes baissent. Elles reflètent aussi un profond changement du métier. Les progrès de la technologie ont été énormes ces dernières années et les compagnies ont besoin de grossir leurs assises pour en assumer le coût et les risques. Elles ont besoin aussi de se diversifier afin que, en cas de besoin, une activité (le raffinage) vienne compen