Où en est l'instruction? Quels sont les éléments troublants, voire
accablants, pour le président du Conseil constitutionnel? Revue en quatre questions des principaux aspects de l'affaire.
1. Le recrutement de «Mata Hari»
Un vague diplôme anglais, un CV d'épouse plutôt maltraitée: rien ne justifie l'embauche de Christine Deviers-Joncour par Elf-Aquitaine, en 1989, comme émissaire. Sauf son amitié pour Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères. Un salaire mensuel versé par Elf-Impex (10 000 F), un autre par Elf Aquitaine International (40 000 F), des faux frais (200 000 F par mois sur sa carte bancaire, aux meilleures époques): la belle a de la valeur.
Faute du témoignage d'Alfred Sirven, qui organise le réseau d'influence d'Elf-Aquitaine pour le compte de Loïk Le Floch-Prigent, les deux magistrates disposent de deux témoignages importants, mais indirects. Celui d'André Tarallo, PDG d'Elf-Gabon, qui assure que Christine a été recrutée parce qu'elle était «utile politiquement». Pour ses liens supposés avec Roland Dumas. Et celui de Jeanne Cardaire, ancienne secrétaire générale du groupe Elf-Aquitaine, qui se souviendra avoir entendu Alfred Sirven évoquer ce recrutement particulier, à la demande de Dumas. De ces témoignages et d'un faisceau de présomptions dépendent la «complicité» de Roland Dumas. Christine Deviers-Joncour donne une autre version, qu'elle racontera aux juges avant de la détailler dans son livre. Alfred Sirven, qui aurait été un patron colérique, lui aurait de