Aime 2000, envoyée spéciale.
Ici, à 2 100 mètres d'altitude, le rêve des promoteurs et le sublime des Alpes se livrent une guerre sans merci. Le béton de la gigantesque barre d'Aime2000 affronte le mont Blanc. Et ce combat raconte les années 60, lorsqu'un promoteur, Robert Legoux, et un architecte, Michel Bezançon, se sont alliés pour créer un monstre de rentabilité. Résultat, du fonctionnel: un ensemble immobilier de 900 lots, avec 800 appartements, 100 commerces et 3 500 skieurs potentiels. Les pistes frôlent l'immeuble, et le télémétro, qui assure les liaisons avec La Plagne, démarre du rez-de-chaussée. Tout a été conçu pour faciliter la vie du skieur, modèle 1960. Féru de ski, il ne devait marcher que sur la moquette. Ici, les croissants s'achètent en pantoufles et le supermarché voisine avec les casiers à skis. Les moniteurs, plus d'une centaine, sont dans le hall; le salon de coiffure au bout du couloir; la salle de cinéma et la discothèque au sous-sol; les bars et les restaurants à portée d'ascenseurs. Quand la nuit descend sur la montagne, la fabrique de skis stoppe ses machines et le silence remplace les spots d'Europe 2. Skier, manger, dormir.Vingt ans après, et à la surprise générale, Aime 2000 n'est pas déserté. «On se demande bien pourquoi les gens viennent là», s'interroge un fonctionnaire savoyard. Certains n'ont pas le choix. Ce sont les propriétaires ou les enfants de ceux qui ont acheté ces appartements. Mais les autres, comme Franco di Giuseppe, inspecteu