En matière d'aménagement de la montagne, le pilotage à vue a
remplacé les certitudes. «L'appareil statistique n'est pas suffisant», explique Alain Wauthers, directeur du Service d'études et d'aménagement de la montagne. Doutes gênants dans un secteur où les prévisions d'investissements se chiffrent par centaines de millions de francs. Mais, pour la première fois, les spécialistes sont en panne de doctrine.
De la grande époque bâtisseuse (lire ci-dessous) restent des usines à ski, pour l'essentiel des résidences secondaires occupées quelques semaines par an, voire plus du tout. Ce qui ne fait pas l'affaire des sociétés de remontées mécaniques, qui, comme à Tignes, ont vu baisser leurs chiffres en dépit de nouveaux investissements. Les collectivités locales tentent de réparer, avec des places de village, comme à Val-d'Isère, ou la mise à deux pans des toits, comme à Courchevel. Tignes a fait appel à Christian de Portzamparc pour se doter d'un coeur de station cohérent: 700 millions de francs investis pour moitié dans le domaine skiable et l'urbanisme. Aux Menuires, la commune a bâti une église, et partout les collectivités tentent de mettre en valeur le patrimoine alpestre, ignoré jusque-là.
Mais seul l'Etat pouvait éviter les friches touristiques. Très attendue, la loi que vient de voter le Parlement va permettre aux propriétaires de logements de récupérer la TVA sur les travaux qu'ils entreprennent. En plus, un statut de «village résidentiel» de tourisme va assurer une gestion