La fusée de l'euro a réussi un décollage impeccable sous les
applaudissements des boursiers unanimes. Cette euphorie contraste avec les pronostics moroses quant à l'évolution de la croissance dans les prochains mois. Le gouvernement, qui sait bien que le départ en fanfare de la devise européenne n'aura pas d'influence à court terme sur le ralentissement économique, a choisi d'endosser l'habit du docteur «tant mieux». On garde un cap inchangé, quelques mesures conservatoires suffisant à tenir jusqu'au rebond espéré pour le début de l'été. C'est un pari raisonnable, mais un pari tout de même: il n'est pas gagné d'avance.
Le budget 1999, concocté selon une philosophie arrêtée dès le printemps dernier, se veut équilibré; la preuve, c'est que l'aile gauche de la majorité a renâclé devant son manque de «générosité» et l'opposition critiqué son insuffisante «rigueur». Mais la profondeur de la crise asiatique et le ralentissement anglo-saxon sont venus compliquer l'exécution de ce balancement jospinien. Et le Premier ministre sait bien qu'au terme de toutes les pondérations, il sera jugé sur le critère de l'emploi et de l'évolution du chômage. De là les mesures envisagées et qui reflètent cette priorité.
Le hasard a fait coïncider le lancement de l'euro avec un essoufflement économique. Le traitement d'une crise à l'intérieur des contraintes de la monnaie unique, de cas d'école qu'il était, risque de devenir très vite une tâche concrète. Les contradictions entre gestion financière et v