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Libération
Interview

Un problème, combien de solutions?

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L'avis des éducateurs, magistrats et policiers qui sont au contact de jeunes délinquants.
publié le 7 janvier 1999 à 23h27
(mis à jour le 7 janvier 1999 à 23h27)

«Mettre mille gamins en prison n'arrange rien»

François Supéri, directeur de «Cheval pour tous», structure qui accueille des mineurs délinquants dans les Vosges.

La nuit du nouvel an, nous avons bu le champagne avec ceux qu'on appelle, les incendiaires de voitures, et nous sommes partis à cheval dans la montagne. Ils étaient heureux. Ce qui manque, ce sont des adultes qui vivent avec les mineurs multirécidivistes. On peut tout comprendre de ce qu'ils vivent rien qu'en les voyant prendre leur petit déjeuner. On demande trop à ces enfants d'affronter leurs carences sans les accompagner. La délinquance des mineurs n'est ni un problème de fric, ni de flics, ni d'établissement. Mettre mille gamins de plus en prison n'arrange rien. Ce serait régler le problème dans l'urgence, non dans une optique de projet. Le juge va juste se retrouver avec la pression. Aujourd'hui, on n'ose plus dire de rester à table à un gamin qui a 13 ans. Le milieu éducatif a tendance à banaliser la gravité des faits.

«Trouver une solution adaptée à chacun»

Abdesselem, animateur socioculturel dans la ZUP Valdegour de Nîmes.

Chaque jeune est différent, il faudrait trouver pour chacun une solution. Le soir, les jeunes ici ont une grosse difficulté: aller à la ville se divertir, ils cherchent à tuer le temps. Ils ne peuvent pas et ils ont les boules, se révoltent. Les policiers viennent, ils montent à 200. Ils ne veulent pas qu'on aille chez eux, nous, on défend notre quartier.