Menu
Libération
Éditorial

Danse de Saint-Guy.

Article réservé aux abonnés
publié le 14 janvier 1999 à 23h09

A peine les crises russe et asiatique s'étaient-elles mises en

branle que tous les regards se portaient vers la nouvelle victime potentielle, le Brésil. Pour conjurer le sort, le FMI, encouragé par les Etats-Unis dont l'économie est fort sensible aux soubresauts latino-américains, consentit une aide de plus de 40 milliards de dollars à Brasilia en échange d'une réduction drastique du déficit budgétaire, d'une stricte politique des changes et donc d'une maîtrise de l'inflation. En vain. Les promesses du président Cardoso ont été torpillées la semaine dernière par la décision du gouverneur de l'Etat du Minas Gerais, le deuxième centre économique du pays, de suspendre pour au moins trois mois le remboursement de ses dettes. Il n'en fallut pas davantage pour que la méfiance larvée à l'égard des économies «émergentes» triomphe et que les investissements abandonnent en masse la huitième économie mondiale. Il ne restait plus à Gustavo Franco, qui incarnait toutes les velléités de rigueur brésiliennes à la tête de la banque centrale, qu'à rendre son tablier et à s'incliner devant la dévaluation de facto du réal.

Comme à l'accoutumée, puisqu'il s'agit maintenant d'une habitude, la danse de Saint-Guy s'est emparée des Bourses, de Wall Street à Paris, sans oublier Londres, Madrid ou Francfort. Mais impossible, pour l'heure, de prédire si l'incendie sera vite circonscrit ou s'il va s'étendre vers d'autres zones «émergentes». Mieux vaut, en tout cas, pour se faire une idée, ne pas accorder