Rio, de notre correspondant.
Mardi soir, le président de la banque centrale brésilienne, Gustavo Franco, démissionnait. Le lendemain matin, son successeur Francisco Lopes entrait en scène en prônant «plus de liberté au marché et une baisse rapide des taux d'intérêt». Quelques heures plus tard, la monnaie brésilienne avait déjà perdu 8% face au dollar. Pour 1999, le nouveau gouverneur de la banque centrale annonce même une érosion de 12%. La fuite des dollars. Depuis la crise russe du mois d'août, Gustavo Franco avait protégé sa monnaie contre la fuite de capitaux en relevant les taux d'intérêt à un niveau record dans le monde: 49% en septembre, encore 26% hier. Menée au nom de la lutte contre l'inflation, alors que le pays vit en déflation depuis plusieurs mois, sa politique a aggravé la récession sans arriver à endiguer la fuite endémique des dollars. Le Brésil, qui a perdu la moitié de ses réserves en cinq mois, a encore vu s'échapper un milliard de dollars mardi. La position de Franco était devenue intenable. Pourtant, sa démission, maintes fois annoncée, a surpris tout le monde. Le président Cardoso lui-même est revenu en catastrophe à Brasilia, interrompant des vacances qui avaient commencé la veille. Il s'est empressé de réunir la presse, avec le ministre de l'Economie Pedro Malan à ses côtés, pour assurer qu'«il n'y a aucun changement de cap».
Pourtant, le Brésil a bel et bien pris un tournant hier. Il prend son origine le 1er juillet 1994, à l'aube d'un plan de lutte