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Libération
Éditorial

Adieu l'atome?

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publié le 15 janvier 1999 à 23h11

C'est comme un vent de panique qui souffle sur ce qu'il est convenu

d'appeler le lobby français du «tout-nucléaire»: la coalition rouge-verte allemande était donc sérieuse lorsqu'elle parlait, en arrivant au pouvoir, de programmer l'abandon du nucléaire! Il faut le croire, à constater avec quelle détermination s'exprime sur le sujet Jürgen Trittin, le ministre (Vert) de l'Environnement venu confirmer à Paris la mauvaise nouvelle. De quoi, en effet, donner la migraine aux dirigeants de la Cogema, qui ont déjà fait leurs comptes et vont devoir faire face, dans les années qui viennent, à une perte d'activité d'une trentaine de milliards de francs pour cause de cessation du retraitement des déchets nucléaires venus d'outre-Rhin.

Mais, s'il ne s'agissait que d'une mauvaise affaire, il n'y aurait sans doute que demi-mal pour les maîtres du nucléaire français, dont l'esprit n'a jamais été embrumé par les problèmes de coût. Il y a beaucoup plus grave: avec ce différend franco-allemand, c'est une culture énergétique alternative qui s'introduit dans l'Hexagone, qui mine nos certitudes et menace un tabou. En trois mois, la coalition allemande a fait plus que les écologistes français en dix ans pour persuader une partie de l'opinion publique française que le nucléaire n'a pas forcément vocation à l'éternité. Tant que les trublions de notre ordre énergétique n'étaient que suisses, autrichiens ou suédois, il était possible de les traiter en marginaux fantaisistes, nostalgiques des lampes à