L'Allemagne abandonne l'énergie nucléaire, et la France n'a pas vu à
temps le coup venir. Au lendemain de la décision formelle prise par le gouvernement de Gerhard Schröder de sortir du nucléaire, les autorités et les industriels français semblaient, hier, désorientés. Alors que cette décision était au coeur de l'accord entre les Verts et les sociaux-démocrates allemands, beaucoup en France espéraient que cette annonce n'aurait jamais lieu.
Aujourd'hui, c'est toute l'industrie nucléaire française qui vacille. Au premier rang, la Cogema (Compagnie générale des matières nucléaires), qui retraite et recycle le combustible usé, notamment celui des Allemands. Celle-ci parle déjà d'une perte d'activité de 30 milliards de francs. Au deuxième rang, Framatome, le constructeur de chaudières nucléaires: son avenir, dans cette filière, était fondé sur un nouveau réacteur, l'EPR, qu'il devait construire pour les Allemands et avec eux (le groupe Siemens est associé au projet). Au total, des milliers d'emplois sont concernés. Le ministre allemand de l'Environnement, le Vert Jürgen Trittin, est arrivé hier soir à Paris pour expliquer la politique allemande et prendre la mesure des tensions entre les deux pays sur le sujet (lire interview page 3).
Le plan allemand, arrêté mercredi soir après plusieurs semaines de bisbilles entre sociaux-démocrates et écologistes, sera présenté au Bundestag le 27 janvier, pour être adoptée dès mars. Il proclame «la fin certaine et planifiée» de l'utilisation e