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Libération

Drôles d'amis américains

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Dans «Friends» garçons et filles restent entre eux.
publié le 16 janvier 1999 à 23h12
(mis à jour le 16 janvier 1999 à 23h12)

Au cinéma, un spectateur dans le noir s'identifie à un autre type seul, sur l'écran. La télé, elle, s'installe dans une communauté domestique, une famille. Et, dans cette famille, elle installe sa famille à elle, à laquelle on s'identifie de plus en plus. On vit dans Friends de plain-pied, au premier degré. La mode est à la bêtise légère, au rire enregistré, aux codes plus ou moins crétins partagés avec béatitude. Penser n'est plus à la mode. Partout, on s'invite dans une série, Friends, Ally McBeal, Absolutely Fabulous, pour en devenir les colocataires virtuels. Etre une jeune fille bête, comme l'une des héroïnes de Friends, est furieusement tendance. Sortir avec son voisin, rire d'un rien, s'étourdir au premier degré au premier soap venu, c'est cela qui compte. Comme Ally McBeal, aimer en rêve. S'imaginer dans une communauté new age comme celle de Friends, ou dans un couple lesbien destroy comme celui d'Absolutely Fabulous. Tous copains, tous crétins, c'est le nouveau feuilleton de la vie qui va, à quelques secondes du troisième millénaire.

Simulacre. Drôle de friends, drôles d'amis américains. Est-ce que tout ça ne serait pas une question de préliminaires au pays de l'apartheid sexuel? Là où l'on tremble de peur pour un microbe, un sida, une poursuite pour harcèlement sexuel, on ne reproduit plus que des simulacres de reproduction. Familles célibataires où, derrière une mixité apparente (convivialité de colocataires, de chouettes copains, de gentils collègues des deux s