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Libération

Adama, aller-retour pour la torture. Itinéraire d'un Mauritanien débouté du droit d'asile.

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publié le 19 janvier 1999 à 23h13

Les seuls papiers d'Adama sont des certificats médicaux et des

recommandations d'Amnesty International. Les certificats parlent de nombreuses cicatrices, séquelles de brûlures de cigarettes sur les cuisses et les organes génitaux. C'est arrivé en 1989, en Mauritanie, dit-il.

Cette année-là, sa vie chavire. Il a 23 ans et part à Dakar, muni d'une bourse pour étudier le journalisme. Mais il milite aussi dans les forces de libération africaines de Mauritanie et, dans un journal sénégalais, il ose critiquer le gouvernement de son pays. Qui supprime la bourse. Adama retourne en Mauritanie, où on l'arrête immédiatement, au moment même où commence le conflit entre la Mauritanie et le Sénégal, dans lequel des centaines de personnes ont trouvé la mort. «Les forces de sécurité se sont rendues coupables de très nombreuses exactions, notamment d'arrestations et de détentions arbitraires, de tortures et d'exécutions extrajudiciaires», précise, à propos de ce conflit, le rapport d'Amnesty.

En vain, Adama, qui a été relâché, cherche à reprendre ses études, à trouver une bourse. Lassé, il abandonne ses activités clandestines, devient comptable et rejoint un parti autorisé. Mais, pour son malheur, il n'abandonne pas ses amis. En 1994, quand il héberge chez sa mère un copain d'enfance, ancien réfugié au Sénégal, la police met à sac la maison familiale et y découvre les copies d'un rapport dénonçant les massacres des autorités mauritaniennes d'avril 1989, en plein ramadan. Le rapport demande l'ex