Amnesty International est une organisation prudente: elle n'a pas de
position particulière sur l'immigration et «n'accorde pas facilement son soutien».
Déçu de voir rejetés ses candidats à la régularisation et conforté par une expertise certaine sur la situation politique dans les pays d'origine, Denis Robillard, président de la section française d'Amnesty International , demande au Premier ministre Lionel Jospin d'adopter une «éthique de précaution». 1 367 demandeurs d'asile ont été régularisés par la circulaire Chevènement. Cependant, vous estimez que les étrangers en danger ont été injustement traités. Le nombre communiqué par le ministère de l'Intérieur ne correspond pas à l'expérience de nos organisations. Nous pensons, sans certitude, que ces régularisés l'ont été sur d'autres critères que celui réservé aux demandeurs d'asile, parce qu'ils avaient de la famille en France, par exemple. Ainsi, sur notre vingtaine de dossiers, quelques-uns seulement ont été régularisés, et pas forcément au titre du critère 1.9 (qui s'applique aux «personnes n'ayant pas le statut de réfugié politique qui pourraient courir des risques vitaux en cas de retour dans leur pays d'origine», ndlr).
Et aucun de «nos» Algériens n'a obtenu de papiers. A France Terre d'asile, sur les quatre-vingts dossiers déposés au nom du seul critère 1.9, trois seulement ont obtenu satisfaction. Vous critiquez la formulation de ce critère. Pourquoi?
Il est intrinsèquement contestable. Qu'est-ce qu'un «risque vital»?