Menu
Libération
Éditorial

Rigueur de bureau

Article réservé aux abonnés
publié le 19 janvier 1999 à 23h13

Il faut se méfier du premier mouvement, disait Talleyrand, c'est

toujours le bon. Cette maxime bien connue paraît avoir présidé au traitement du dossier des réfugiés politiques en France. Plus exactement, de cette fraction des réfugiés concernés par la circulaire de régularisation édictée il y a dix-huit mois par le gouvernement. Celle-ci partait effectivement d'un bon mouvement: les autorités nouvelles issues des élections de juin affichaient leur volonté d'améliorer le sort des personnes persécutées dans leur pays qui réclament leur régularisation dans le nôtre. Or, cette intention louable, si l'on en croit plusieurs associations spécialisées dans ces domaines, dont Amnesty France, s'est traduite dans les faits avec une contestable parcimonie. A la lecture de certains cas individuels très convaincants, on se demande quelle indifférence de bureau a retenu les fonctionnaires concernés. A moins ­ horrifique hypothèse ­ que des instructions écrites ou orales subséquentes n'aient, au nom de considérations plus ou moins électorales, vidé de leur contenu certaines dispositions de facture généreuse. On aurait alors, au nom d'un réalisme politique mal placé, appliqué à la lettre l'ironique proverbe du maître à penser en cynisme diplomatique. Il se trouve qu'entretemps la France a commémoré avec éclat et tralala idoine le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Les torturés et les échappés des geôles dictatoriales doivent-ils se constituer un d