Le massacre de Racak sera-t-il un tournant? A l'automne, un autre
massacre, celui d'une famille dont même les bébés avaient été tués, à Gornje Obrinje, avait ému l'opinion et fait bouger l'Otan. Elle avait menacé Belgrade de frappes aériennes et le médiateur américain Richard Holbrooke avait obtenu du président yougoslave Slobodan Milosevic qu'il cesse une campagne guerrière qui avait jeté sur les routes des centaines de milliers de réfugiés. En sera-t-il de même aujourd'hui? Dès samedi, William Walker, chef de l'OSCE, a parlé de «crimes contre l'humanité». Hier, il a expliqué à Libération à Pristina qu'il n'avait «pas un mot à retrancher à ses déclarations».Retour en neuf questions sur les zones d'ombre d'un massacre aux versions contradictoires.
1. De quoi est-on sûr?
Vendredi dernier, à 7 heures du matin, la police serbe lance une opération contre le village de Racak. Elle affirme qu'elle est à la poursuite d'un groupe de «terroristes» de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) qui, quelques jours auparavant, a tué un policier. Les combats durent toute la journée autour de trois villages, Racak, Belince et Malopoljce. La branche politique de l'UCK annonce à 11 h 30 que des combats ont fait des morts des deux côtés. Ces échanges de tirs font l'objet de nombreuses dépêches d'agences de presse internationales (AFP, Reuter, AP). Les journalistes restent à la périphérie des combats. Ils racontent tous que des observateurs internationaux (certains spécifient qu'il s'agit d'Américai