Quelque chose a changé au pays de l'atome. Il ne s'agit pas
seulement de la nouvelle intensité avec laquelle on débat du nucléaire on le fait par à-coups depuis l'origine , mais bien d'une prise de conscience qui réunit paradoxalement les «nucléocrates» et leurs adversaires: on discute désormais sérieusement, peut-être par imitation de l'Allemagne, de la «sortie du tout-nucléaire». Pour la première fois, il ne s'agit plus d'anathèmes ni de catastrophisme. On évoque un projet de retraite en bon ordre ou, comme le diraient les Verts, une utopie concrète. Arrêter brutalement? Il n'en est pas question. Le plus radical des écologistes admet que, partant d'une proportion de 80% d'électricité produite dans ces centrales contestées, on peut tout au plus réduire très progressivement la part ultradominante du nucléaire dans le bilan énergétique national. A cette décrue par étapes on voit un avantage immédiat: relancer par une incitation impérieuse le développement des énergies de substitution éoliennes, «biomasse», etc. Sur ce terrain en jachère, la France peut mettre en jeu des réserves insoupçonnées. Mais on bute aussi sur de redoutables contradictions. Le nucléaire ne produisant pas de gaz carbonique, son remplacement accroît automatiquement «l'effet de serre» qu'on se promet par ailleurs de combattre sans merci. Abandonnant l'atome, la France devrait se rallier à la méthode des «permis de polluer» proposée par le monde anglo-saxon, qui fait pousser de hauts cris à une grande