Salt Lake City, envoyé spécial.
Depuis deux mois, Salt Lake City, la ville des austères mormons, si propre sur elle, vit ce que ses habitants résument ainsi: la «honte». Qu'a fait «la cité des saints»? Rien de plus que d'autres, disent ses défenseurs. Mais tout, plus ostensiblement. Tout pour s'attacher les faveurs des membres du CIO, pour arracher, après trois échecs, les JO d'hiver de 2002. Tout pour foncer dans la logique de l'olympisme business. «Plus vite, plus fort, plus haut" dans la corruption», résume Aden Ross, écrivain. Qui ajoute, rigolarde: «La course à la gloire a fait tomber ceux qui se croyaient les gardiens mondiaux des valeurs morales. Tant mieux si cet ethnocentrisme en sort écorné.» La rançon de la gloire a un prix fort: cinq membres du comité d'organisation (le Sloc), dont l'actuel président, Frank Joklik, ont été poussés à la démission. Cinq enquêtes, dont une du FBI, sont en cours. Et le déballage n'est pas fini: seuls 2 à 10% des archives de la candidature auraient été dépouillés.
Une image de bouseux. Cette consécration olympique, Salt Lake City la voulait. Pas pour dynamiser l'économie locale, développer les infrastructures ou doper le tourisme. Pour la reconnaissance. Pour réfuter une image de bouseux anachroniques. «En une décennie, la ville a beaucoup évolué, explique Steven Epperson, professeur et mormon repenti. Aujourd'hui, à peine la moitié de ses habitants sont des Mormons soucieux de moderniser une image au-delà de la région. L'autre parti