Il existe une photo de Juan Antonio Samaranch pliant le genou devant
Francisco Franco, caudillo d'Espagne. Il a aussi levé le bras quand il était dans les rangs de la Phalange (1). Tout pourrait être dit: ainsi finit un féal du dernier dictateur fasciste européen, comblé d'honneurs puis discrédité par le scandale de la corruption. Cette caricature des impasses du sport serait trop simple. Ou trop brutalement vraie. Il faudrait apprécier un peu plus l'épaisseur du président du Comité international olympique avant de décider.
Cancre. Juan Antonio Samaranch donc est né, en 1920, à Barcelone d'un père qui avait fait fortune dans le textile et d'une mère héritière dans la même branche. Son parcours scolaire ressemble à celui d'un cancre, borné par un vague diplôme commercial. Il fut un honnête boxeur amateur poids plume, sans titre remarquable, c'est sa seule pratique sportive connue. Son entrée dans le monde du sport institutionnel ressemble à un gag. Il y a pris pied par le biais du hockey sur patins à roulettes dit rink hockey , qui ne devait pas être la discipline le plus populaire après guerre en Espagne. En 1956, il devient délégué à l'éducation physique et au sport pour la Catalogne, fonction étendue à toute l'Espagne en 1966. Il paraît que les franquistes purs et durs ne l'appréciaient guère. Il paraît que, s'il leva le bras et plia le genou, c'est seulement pour assouvir ses ambitions, par le sport, pour le sport. Mais ce ne sont pas des gestes innocents, et tous les o