«Le félon, pas l'autre», comme l'a baptisé Le Pen. Et si le
fondateur du FN l'a mauvaise, c'est que Serge Martinez avait toujours été considéré comme un lepéniste dévoué. Jusqu'au 7 décembre dernier, où il a lancé à découvert l'offensive mégrétiste en appelant, le premier, à un congrès extraordinaire. Avant de basculer, il avait fait carrière pendant plus de dix ans dans l'ombre de Le Pen. Si son «école politique fut l'Algérie française», ce pied-noir né à Oran en 1944 n'a rejoint le FN qu'en 1987, après un passage, «éphémère» dit-il, au RPR. Quand Le Pen lance que les «chambres à gaz [sont] un point de détail de l'Histoire», Martinez se range derrière lui, «parce qu'on l'attaquait trop».
Sa réussite financière séduit le patron du FN. Car Martinez brasse plus volontiers les gros sous que les idées politiques. Fondateur en 1971 d'une société informatique (MIS), il la revend «pour un prix extraordinaire» en 1990, empochant plus de 50 millions de francs au passage. Le rentier «s'ennuie», s'offre l'hebdomadaire Minute, y perd 10 millions de francs, et «le donne» trois ans plus tard, le 1er janvier 1993, au militant d'extrême droite Gérard Pencieollelli. Au même moment, première fâcherie avec Le Pen, qui lui impose des candidats aux législatives à Paris. Martinez abandonne d'un coup de gueule toutes ses responsabilités: secrétaire de la fédération FN de la capitale, conseiller régional d'Ile-de-France et conseiller municipal du XVe arrondissement. Dix-huit mois plus tard, il revien