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Libération

Apparatchiks, idéologues"" l'état-major mégrétiste. Itinéraire de six hommes qui ont soutenu l'entreprise de Mégret. Jean-Claude Bardet, le stratège.

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publié le 25 janvier 1999 à 23h17

A bientôt 58 ans, «Gepetto», le surnom que lui a trouvé Le Gallou,

est probablement celui qui connaît le mieux son «Pinocchio-Mégret». Homme de l'ombre, conseiller discret mais très écouté, antilepéniste de la première heure, c'est lui qui, rencontrant au club de l'Horloge en 1975 celui qui n'était encore qu'un jeune polytechnicien féru de romans de science-fiction, a façonné les convictions de Mégret au fil des années 70 et 80. Tuteur politique, Bardet l'a très vite orienté vers l'action et s'est fait conseiller stratégique, initiant par exemple son poulain aux délices de la «stratégie haute», celle qui vise à «imposer ses valeurs et son discours à l'adversaire pour mieux l'anéantir».

Il faut dire que ce rejeton d'une famille de bourgeois nancéiens connaît toutes les branches de l'extrême droite sur le bout des doigts pour y avoir grenouillé dès son plus jeune âge. Cofondateur de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), il rejoint l'OAS (Organisation de l'armée secrète) en 1961 et se retrouve à la tête d'un réseau d'étudiants qui fait sauter «quelques petits pétards qui sont, quand même, des pains de plastic». Arrêté, il est condamné à neuf ans de réclusion criminelle pour terrorisme, en fait deux, de 1962 à 1964, et bénéficie finalement d'une amnistie. «Je pensais qu'il fallait se battre pour l'Algérie française, je ne regrette rien», répète-t-il. Libéré, il prend conscience de l'inutilité de l'activisme et s'oriente vers la politique. Docteur en droit, il entre en